La photo comme outil de résilience

décembre 2, 2019

La recherche d'”authenticité”

Puiser dans son for intérieur, questionner ses perceptions, les déconstruire et… simplement accueillir. La photographie, lorsqu’elle est perçue comme un outil, permet d’explorer d’innombrables fragments de soi et du monde. Elle ouvre à un apprentissage constant, interroge nos croyances les plus ancrées et pose certains fondements lorsque l’on est en quête d’introspection. Elle permet de travailler son regard et pousse à sa déconstruction cyclique totale, permettant ainsi de le rebâtir continuellement; elle offre à son auteur, son sujet et son lecteur d’infinis niveaux d’interprétation et peut être utilisée comme un outil si l’on est en quête d’authenticité affranchie d’un connu biaisé par des perceptions acquises au fil du temps.

“La photographie devient de l’art quand elle dévoile l’âme et révèle l’authenticité du sujet.”

Monique Moreau

Quel qu’en soit l’objectif, la photographie peut être appréhendée comme une forme de méditation : en sortie nature, en séance portrait ou même lors d’un concert, elle met en lumière le sujet et révèle ainsi le regard que l’on porte sur lui. Accéder à sa construction est alors primordial et la photo offre un lieu d’écoute des émotions que créent ces instants, qui ramènent au présent, à l’ici et maintenant, et qui nécessitent une pleine présence émotionnelle. Etre au plus proche de soi pour offrir ce qui est au plus proche de l’Autre…

Déconstruire donc, et effilocher petit à petit chaque pensée limitante, chaque apprentissage social, étayer sa compréhension du monde et du regard porté sur soi pour l’élever vers une appréhension extérieure bienveillante. Lorsque la déconstruction est le fil rouge de tout ce que nous entreprenons, alors l’accès à une certaine forme d’authenticité est peut-être, un (tout petit) peu, facilité. Il s’agit d’un travail constant, mais qui colore merveilleusement le métier…

La photographie, une aide à la résilience ?

Alors que la photo traduit (et/ou guide vers) une forme d’émerveillement constant quant au monde qui nous entoure, elle permet également de mettre en lumière certaines de ses propres parts d’ombre. Et si nous croisons cette aspiration à notre fameuse recherche d’authenticité, tout en écoutant nos intuitions, alors je crois que notre regard ne peut être qu’animé par la bienveillance. Et c’est un aspect que je souhaite plus que tout exploiter dans mon métier.

Écouter avec compassion, c’est écouter avec la volonté de soulager l’autre de sa souffrance, sans le juger ni chercher la dispute.

TCHICH NHAT HANH

Être

Je crois profondément que l’Amour, sous toutes ses formes, révèle les êtres. Bien que parfois ébranlée, je souhaite mettre cette foi au coeur de mon métier. Je crois que par l’écoute, la bienveillance et l’accueil, chacun-e peut se révéler – et s’élever – dans ce qu’il est. Dans cette optique (c’estfinioui), je vois la photo comme un outil. Cependant, lorsque l’on pense “photo”, l’aspect du “paraître” peut suivre rapidement dans le train des images découlant des représentations que l’on s’en fait : alors qu’il est à la portée de tous de se mettre en scène ou de partager des bribes de sa vie, la photo semble être le processus central de cette théâtralisation. Le moyen que je décris se focalise (onacompris) sur l’être. Celui qui nous anime. Celui que l’on enfouit trop souvent et que l’on ne laisse que peu s’épanouir.

Tout être blessé est contraint à la métamorphose.

BORIS CYRULNIK

Se dévoiler à soi

Lorsque jamais l’apprentissage émotionnel n’a pu être vécu, que chaque forme de sensibilité se voit remise en place et que les émotions sont ressenties comme des tares anormales et honteuses, il est courant que par mécanisme de protection, nous cachions toute forme d’expression personnelle. Souvent, des traumas, des attentes ressenties ou un “feu” interne trop présent bâillonnent les émotions. Parfois même, pour survivre, le corps coupe de lui-même le lien et empêche d’en ressentir toute forme.

Chaque fois que la douleur se réveille, cette sensation nous est si insupportable que nous refoulons nos sentiments et nos souvenirs au plus profond de notre inconscient. A tel point que nous pouvons passer des années et des années à négliger cet enfant blessé.” – Thich Nhat Hanh

Liée à cette quête de bienveillance, la photographie permet d’offrir des espaces de liberté loin de toute forme de jugement. Une telle séance nécessite d’entrer en résonance. Par la confiance mutuelle, l’échange et l’écoute, elle offre un lieu d’expression libérée. Telle une danse entre deux êtres, la photographie permet l’expression des âmes éraflées, d’accéder à certaines parts de soi et l’objectif n’est qu’un outil et une parade pour les révéler. Parce que tout crée un impact sur notre être, notre corps garde des traces. Il encaisse. Il se transforme alors qu’on évolue. Et c’est l’essence même de ce qu’une séance photo basée sur l’accueil de l’instant peut capturer. Grandir, évoluer et se dévoiler. Oser (se) montrer ses failles. Les mettre en lumière et les parer d’or… Loin de l’idée d’alimenter les réseaux, il s’agit surtout d’un rendez-vous avec soi, à ne pas crier sur les toits. S’autoriser à vivre, à se regarder avec bienveillance. S’offrir à soi. S’affranchir, un tout petit instant, de son insécurité intérieure. Apprendre à lâcher-prise…

Aucune histoire n’est innocente. Raconter, c’est se mettre en danger. Se taire, c’est s’isoler.

BORIS CYRULNIK, SAUVE-TOI, LA VIE T’APPELLE

FEELING & CONFIANCE

En tant que photographe, je tends à faire davantage de séances basées sur l'acceptation, sur l'écoute et l'accueil émotionnel. Je souhaite mettre mon regard à profit, dans le but de créer des bulles de re-connexion et de ré-alignement et ne prétends pas faire des séances thérapeutiques, loin de là ! Je souhaite simplement utiliser la photographie pour, même un tout petit peu, accompagner certaines femmes dans leur chemin de résilience...

Les séries "Entrailles" et "Suspirium" ont fait grandir ces aspirations, et les séances "Boudoir" sont un début de processus. A terme, j'aimerais offrir bien plus. A suivre, donc...

Bien que l'impulsivité soit belle et que l'article fasse l'éloge de la libération, il est extrêmement important de prendre le temps de choisir votre photographe pour une telle séance. A nouveau, le feeling est important, et si un quelconque malaise devait être ressenti, alors l'écouter est primordial. C'est même, presque, le début du chemin. Parce que se dévoiler de la sorte est un processus intime, et qu'il est important de se sentir en sécurité du début à la fin. Pour le/la photographe aussi, et pour ma part, afin d'être présente pleinement et en toute confiance, j'ai choisi de ne proposer ce genre de séances qu'à des Femmes.

Projet Entrailles, Coquelicot De Perrot, Charlotte, Pépinière Gland, artiste Nyon

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Projet Entrailles, Coquelicot De Perrot, Charlotte, Pépinière Gland, artiste Nyon

suspirium

Projet Entrailles, Coquelicot De Perrot, Charlotte, Pépinière Gland, artiste Nyon

Suspirium - Thom Yorke - Anne Gerzat

suspirium

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